Historique
Credit: fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Saint-Pierre_de_Baume-les-Messieurs
Les origines
Les traditions attribuent la fondation de Baume soit à saint Lothain, l’un des Pères du Jura, ou à saint Colomban.
Toutefois ces attributions sont erronées, la première attribution à saint Colomban nous vient de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny au xiie siècle.
Cette attribution semble une invention tardive de Cluny, afin de donner des origines prestigieuses à Baume, qui est elle-même à l’origine de la fondation de Cluny de par son premier abbé : Bernon. Enfin l’attribution à saint Lothain ne remonte qu’au xixe siècle et ne repose que sur le contexte géographique.
Toutefois les recherches archéologiques menées dans le chœur de l’église abbatiale, ont mis au jour des vestiges de l’abbaye remontant à la période mérovingienne, mais il faut attendre 869 pour avoir la première mention, attestée, de Baume comme étant une « cella » (dépendance rurale monastique de l’abbaye féminine voisine de Château-Chalon) qui est confiée en 890 par le roi de Provence Louis III l’Aveugle à l’abbaye de Château-Chalon.
Le Moyen Âge
L’abbé Bernon fonde vers 890 l’abbaye de Gigny dont la communauté est destinée à restaurer l’observance définie par la règle de saint Benoît de Nursie, dite Règle bénédictine.
Lorsque le duc d’Aquitaine Guillaume le Pieux fait appel à lui pour créer l’abbaye de Cluny en 909 ou 910, l’abbé quitte Baume avec quelques moines.
Pour valoriser le rôle de Baume jusque là subordonnée à Gigny, la tradition précisera par la suite que Bernon avait pris six moines dans chacun de ces deux monastères, ce qui fait de Baume, avec Gigny, la « mère » de la grande abbaye bourguignonne et le berceau de l’ordre clunisien. Contrairement à Gigny qui se rattache à « sa fille » dès 1076, Baume restera farouchement attachée à son indépendance.
Le développement de l’abbaye de Baume-les-Messieurs est ensuite mal connu mais son importance est déjà grande à la fin du xie siècle alors que l’église abbatiale6 (qui sera remaniée par la suite) est érigée sous les abbatiats de Bernard Ier (1067-1083) et Alberich (1104-1139).
Au XIIe Baume, protégée par les comtes de Bourgogne, contrôle huit prieurés et soixante-cinq églises, surtout dans le sud-ouest du diocèse de Besançon mais aussi à Dole, Quingey et Besançon. Riche entre autres de possessions de vignes sur les coteaux du Jura, d’exploitations de sel à Lons-le-Saunier ou encore de moulins sur les rivières comme la Seille, l’abbaye reste prospère jusqu’au xve siècle malgré des conflits avec l’ordre clunisien. Baume-les-Moines (c’est son nom jusqu’au xviiie siècle) doit faire soumission à Cluny, elle est même réduite au rang de prieuré de Cluny en 1147 par le pape Eugène III7.
L’empereur Frédéric Barberousse accepte cette soumission en 1153 mais obtient plus tard le rétablissement de son rang d’abbaye et Baume portera de 1157 à 1186 le titre d’« abbaye impériale ». Après les conflits d’autorité religieuse, la papauté réitère en 1189-1191 la soumission de Baume à Cluny en accordant quelques points de satisfaction à l’abbaye comme son rang éminent dans l’ordre clunisien ou une certaine liberté dans le choix de ses abbés et la confirmation en 1202-1204 du titre d’abbaye: L’abbaye toujours à la recherche d’une plus grande autonomie aura aussi par la suite des différends avec l’archevêque du diocèse de Besançon9. Elle devient cependant l’une des plus importantes abbayes de Franche-Comté du xiie au xvie siècle.
Ruinée et incendiée en 1336 lors de la guerre des barons comtois contre Eudes IV de Bourgogne, l’abbaye est relevée et transformée par deux grands abbés Amé de Chalon (1389-1431) et Henri de Salins (1440-1450) qui conduisent d’importants travaux.
Des moines aux chanoines
Avec la fin de la période médiévale, le fonctionnement de l’abbaye évolue notablement. Dans un premier lieu, l’abbaye tombe en commende au xve siècle. Mais c’est surtout au xviie siècle, à la suite de la Guerre de Dix ans (épisode comtois de la Guerre de Trente ans) qu’un important chamboulement est apporté à la vie monastique. Certainement à la suite des dégâts causés par la guerre, plusieurs bâtiments communautaires de l’abbaye sont abandonnées, conduisant les religieux à vivre en indépendance dans des maisons individuelles.
Parallèlement, l’abbaye devient aristocratique, 16 quartiers de noblesse sont exigés pour y être admis. Mais il faut attendre la sécularisation, par une bulle papale de 1759, pour officialiser la situation. Ainsi les moines, qui avaient jusque-là respecté la règle de saint Benoit, deviennent des chanoines, qui vivent en séculier (vie dans le siècle en opposition à régulier, suivant une règle monastique).
Cette évolution se répercute sur le toponymie du village, Baume-les-Moines devient alors Baume-les-Messieurs (En 1763 Jean-Joseph Expilly la nomme encore « Baume-les-Moines »). Les revenus de l’abbaye sont encore en place dans la deuxième moitié du XVIIIe s. comme la dîme dont se plaignent les habitants de Velesme (aujourd’hui Velesmes-Essarts près de Quingey, dans le département du Doubs) dans les Cahiers de doléance en 1789 « nous sommes les seuls qui payons aux abbés de Baume une dîme d’une gerbe et demie par journal de grains dont nos terres sont emplantées ».
La Révolution et ses conséquences
Le chapitre de Baume est supprimé à la Révolution, les maisons canoniales, devenues Biens Nationaux, ont été vendues, en 1793, à des personnes privées, essentiellement des habitants du village, alors que la collégiale Saint-Pierre devient une église paroissiale. À la suite de ces bouleversements, plusieurs transformations ont été apportées aux différents bâtiments, les plus notables sont la disparition du cloître (démoli en 1806 et vers 1860) et la démolition partielle de l’escalier monumental du logis abbatial (seul le palier subsiste).
L’église Saint-Pierre fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862. Certains autres bâtiments bénéficient de protections aux monuments historiques : Le logis abbatial bénéficie d’un classement depuis le 26 septembre 1929, les façades et toitures des bâtiments de l’ancienne abbaye d’une inscription depuis le 8 mars 1933, l’étage supérieur et le rez-de-chaussée des bâtiments de l’ancienne abbaye d’une inscription depuis le 2 août 1933.
L’abbaye aujourd’hui
L’essentiel de l’abbaye constitue un parc locatif privé, la commune de Baume-les-Messieurs possédant l’essentiel du patrimoine visitable depuis que le conseil départemental du Jura lui a vendu ses tènements (le logis abbatial, la tour de justice, le dortoir et la chapelle) en 2016.
Bénéficiant de l’attractivité touristique de la reculée de Baume-les-Messieurs, l’abbaye enregistre 17 000 visites payantes en 2015.